dimanche 4 août 2013

Lettre de mon père aux organisateurs et aux participants des rencontres littéraires de Erbalunga ( la Corse)


« Lina a passé tous ces derniers jours notamment les soirées au sit-in. Je ne l’ai que trop peu vue. Mais sachant par hasard- qu’elle avait donné son accord pour des activités à mener en Corse, je lui en ai touché un mot.  Sa réaction était la suivante : «  je suis déchirée : d’une part je tiens à honorer mon engagement et je voudrai ne pas décevoir mes amis corses. D’autre part, il m’est pratiquement  impossible  de pouvoir quitter mon pays –ne serait-ce qu’un jour –alors que nous vivons des instants réellement  historiques, que tout peut basculer d’un coté comme de l’autre à n’importe quel moment. Je ne me vois pas participer à une conférence se déroulant  dans un pays étranger dans le confort absolu  alors que mes concitoyens  offrent leurs  poitrines  nues à la violence noire, devant le siège de l’ANC. Je ne  me vois pas partageant avec mon peuple ces jours qui marquent  bien  son histoire  et qui  feront  l’avenir de ses enfants autrement  qu’en étant parmi la foule, parmi mes amis  blogueurs, parmi nos femmes si déterminées  et notre jeunesse si inventive . »
Hier et hier soir Lina m’a appelé à plusieurs reprises, des fois pour m’affirmer qu’elle partait honorer son engagement et à la rencontre  de ses amis si accueillants et formidables, d’autres fois pour me dire en sanglotant qu’elle ne pouvait pas être ailleurs qu’au  Bardo. Aucun de nos deux n’a pu dormir Vers 5heures du matin Lina m’a  rejoint pour me demander de l ‘accompagner à l’aéroport. Sur la route elle était silencieuse, triste et se comportant presque comme une zombie. Je l’ai déposée coté départs et je m’en suis allé .croyant que la laissant seule, je l’encourageais ainsi à ne pas revenir sur sa décision…
Peine perdue.ma tactique s’est avérée infructueuse. Ayant à peine repris ma route en direction de la maison, mon téléphone a sonné. J’ai cru, tout d’abord, que Lina, à son habitude, m’appelait pour m’informer que tout s’est bien passé et qu’elle attendait déjà de s’embarquer…Mais… Lina pleurait, sanglotait et n’arrivait pas à assembler se serait-ce qu’un mot…Cela m’a fait prendre peur et soupçonner une agression … Enfin sa langue s’est déliée et elle a dit comme récitant une litanie : «  Non, papa, je ne peux pas partir. C’est plus fort que moi. Cela est impossible.
Je suis désolée pour ceux qui m’attendent là-bas. Mais partir m’est insoutenable. Papa je reste. Un point, c’est tout. »
Sur le chemin du retour, Lina  était fermée et soucieuse. Elle retenait mal ses larmes…
Rentrés à la maison  nous avons dormi tous les deux  comme des pierres.
Vers 16h, rebondissement, Lina essayait de trouver  un vol pour partir.
Une part de son cœur est surement là-bas. Mais son être entier  ne peut être qu’ici.
C’est plus fort qu’elle.
Désolé pour nos amis Corses .Mais je suis persuadé qu’ils comprendront. Et qu’ils lui trouveront des excuses.
Surtout que notre journée s’est terminée sur une alerte : Lina est fortement menacée. La police lui propose sa protection !

Ezzahra le 3 aout 2013. 

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